Le Monde Juridique s’est entretenu avec Me Marie Garel et Me Laurent Godbout, co-fondateurs de la firme Equalis, une firme qui effectue des diagnostics, médiations et enquêtes en milieu de travail.
- Premièrement, qu’est-ce qui vous a poussé à fonder votre firme ?
M.G. J’ai pratiqué pendant plus de dix ans chez BLG en droit du travail, et j’ai toujours été impliquée directement ou indirectement dans des dossiers de médiation et d’enquêtes en milieu de travail, principalement en matière de harcèlement. Ce projet est donc une suite logique et naturelle à mon parcours.
L.G. J’ai pratiqué de nombreuses années en litige et prévention et gestion des différends au sein de Dentons, puis Delegatus. Ma pratique s’est graduellement étendue aux interventions en milieu de travail, jusqu’au point où cela occupait la majorité de mon temps. La décision de faire le grand saut s’est imposée de soi, afin d’être reconnu comme neutre et impartial, et non plus comme un avocat de litige.
- Qu’observez-vous actuellement comme tendances dans votre milieu ?
M.G. Le paysage s’est drastiquement transformé depuis quelques années. On peut le voir dans les médias : les dénonciations de milieux de travail toxiques se multiplient et la culture a changé. Ce qui était autrefois accepté ne passe plus. Des modifications législatives ont forcé les organisations à prévenir et faire cesser le harcèlement en milieu de travail.
L.G. Les organisations sont souvent mal outillées pour faire face à ces vagues de dénonciations et répondre adéquatement aux nouvelles exigences de la loi. L’appel à des avocats spécialisés en pareille matière devient indispensable. De manière générale, on sent de la part de nos clients un grand besoin de professionnaliser les médiations et enquêtes en milieux de travail. Nos clients sont souvent référés par des bureaux d’avocats qui ne peuvent pas toujours intervenir à titre de partie neutre et impartiale. Je crois que le parcours de Marie et moi est apprécié par ces derniers, car nous avons déjà été dans leurs souliers, ils savent que nous sommes rigoureux et que nous comprenons les enjeux des dossiers qui nous sont confiés.
- Vous avez fondé une firme d’interventions en milieu de travail en pleine pandémie, alors que le télétravail s’est imposé dans plusieurs organisations. Comment le vivez-vous au quotidien ?
M.G. C’est faux de penser que parce qu’il n’y a plus de milieux de travail physique, il n’y a plus d’enjeux de climat de travail ou des problématiques liées au harcèlement. Les comportements répréhensibles se manifestent, mais différemment. Plus que jamais, maintenir une culture de travail inspirante et exempte de conflits constitue un défi pour les organisations. La pandémie aura eu comme effet de nous rendre moins sociables. Il faudra réapprendre à interagir en milieux de travail, et certains devront être épaulés pour y arriver.
L.G. On sent une demande grandissante pour les diagnostics de climat de travail, alors que les organisations sont à planifier le retour au travail en présentiel. Pendant plus d’un an, les employés étaient à la maison, sans contact avec leurs collègues outre quelques rencontres virtuelles. On observe, sans surprise, un désengagement de la part de certains employés. Le défi sera de mobiliser les troupes, particulièrement dans un contexte où certains seront réfractaires à retourner physiquement au travail.
- Vous effectuez souvent des enquêtes en matière de harcèlement. On peut imaginer que ceci comporte son lot de défis.
M.G. Effectivement, il faut savoir se détacher d’un point de vue émotif, tout en démontrant une certaine empathie. Certains dossiers impliquent un volet politique. Cela dit, en toute humilité, nous sommes bien outillés pour faire face aux dossiers les plus épineux. Nous sommes bien servis par notre parcours d’avocats de grands bureaux et nous comprenons bien la réalité du monde des affaires. Nous comptons aussi sur une équipe de collaborateurs multidisciplinaire qui peut intervenir en fonction de certains besoins plus spécifiques.