Congédiée pour sa réaction à des propos racistes, une employée noire a gain de cause devant le Tribunal
Une employée noire, congédiée après avoir exprimé sa désapprobation à des propos racistes, a eu gain de cause devant le Tribunal des droits de la personne. Dans un jugement récent, le Tribunal a conclu que le congédiement était discriminatoire et a condamné l’employeur à verser des dommages de 10 000 $ à l’employée, qui était représentée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
Selon les faits rapportés par le jugement, un client raconte une blague raciste à la directrice d’une boutique en présence de la seule employée noire du commerce. Celle-ci n’exprime pas sa réaction, étant sur son lieu de travail. Lors d’un souper d’équipe, la directrice répète la même blague et cette fois, l’employée exprime son malaise et sa désapprobation. Sa patronne juge sa réaction trop personnelle. L’employée publie plus tard un commentaire sur sa page Facebook privée, sans mentionner l’évènement en question et sans identifier son employeur. Le lendemain, l’employeur lui annonce son congédiement, estimant son comportement inacceptable. La femme porte plainte à la Commission qui a enquêté pour ensuite porter la cause devant le Tribunal.
« La Commission est satisfaite de ce jugement qui démontre que les propos racistes sont inacceptables et que les employeurs doivent protéger les membres de leur personnel des effets de la discrimination dans le milieu de travail. Il est de la responsabilité de l’employeur d’intervenir avec diligence selon les circonstances » a déclaré le président de la Commission, Philippe-André Tessier.
Le jugement estime que la victime a témoigné de façon sobre, digne et crédible du sentiment d’injustice d’avoir été congédiée pour avoir manifesté un désaccord ainsi que des émotions et des craintes qu’elle vit toujours. « Ces propos déplacés et inacceptables tenus dans son milieu de travail par une personne en position hiérarchique supérieure sont d’autant plus irresponsables. Nous espérons que cette décision envoie un message clair de ne pas sous-estimer l’impact néfaste des propos à connotation racistes en milieu de travail tant pour les personnes que le milieu en lui-même » a déclaré Myrlande Pierre, vice-présidente de la Commission.
Le Tribunal a conclu que la plaignante a fait l’objet d’un congédiement discriminatoire fondé sur la couleur et la race, précisant qu’ « un employeur ne peut exiger d’une employée blessée par un comportement raciste au travail ou à l’occasion du travail, qu’elle agisse comme si elle n’en souffrait pas ».
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la protection de l’intérêt de l’enfant, ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l’application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics.