La Tournée Performance Porsche Une expérience inoubliable

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La Tournée Performance Porsche Une expérience inoubliable

Par Michel Crépault

J’ai participé l’automne dernier à une Tournée Performance Porsche entre Ottawa et Tremblant.

​En gros : trois jours au volant de quatre 911 et autant de Cayman menées par deux pilotes chevronnés, Kees Nierop (il a participé au 24 Heures du Mans) et Jonathan Urlin (champion canadien), le tout entrecoupé de haltes dans des hôtels 5 étoiles.

Le but : piloter. Je dis bien piloter et non pas seulement conduire, i.e. étaler au grand jour son goût de la conduite sportive et en améliorer les réflexes pour exploiter le plein potentiel de ces machines de rêve.

​Bien entendu, si au sortir du programme vous avez envie de vous précipiter chez un concessionnaire pour poursuivre l’expérience durant vos trajets boulot-dodo, Porsche Canada ne s’objectera pas.

Un quotidien revu et corrigé
Un certain nombre de constructeurs offrent divers cours de conduite. Porsche en concocte quelques-uns, dont le Camp 4 qui initie les participants à une conduite hivernale pas banale.

​La Tournée Performance a ceci de remarquable qu’elle nous plonge les trois quarts du temps dans un environnement normal, le long de routes que monsieur et madame Tout-le-monde empruntent mais que notre odyssée de trois jours transforme comme s’il s’agissait du tournage d’une poursuite automobile hollywoodienne.
​Mais commençons par le début…

Les participants se sont retrouvés dans l’un des salons de l’aéroport Macdonald-Cartier d’Ottawa, notre point de ralliement. Nous sommes 16 apprentis. Logique : huit voitures, deux par voiture. Un à un, nous sommes invités à nous présenter et à expliquer le pourquoi de notre présence. Un Torontois possède des Ferrari et il a envie de mieux connaître la marque allemande. Il a (facilement) convaincu un ami de l’accompagner.

Un couple de Montréal possède trois Audi et n’a jamais conduit de Porsche. Lui est déjà très tenté de céder à la tentation ; elle, c’est la banquière. Au terme des trois jours, nous saurons peut-être s’ils délieront ensemble les cordons de la bourse familiale.
On se rend sur l’un des étages de stationnement de l’aéroport où sont alignés nos destriers. Un système de rotation veillera à ce que tous et chacun bénéficient du même temps de conduite avec l’un et l’autre modèle.

Outre les utilitaires Cayenne qui escorteront le convoi en cas de pépin mécanique ou pour nous approvisionner en collations énergétiques et bouteilles d’eau, les Cayman S et 911 Carrera 4S nous font d’emblée saliver.

Ces dernières sont les descendantes directes de l’aïeule née en 1963. La 911 a depuis mérité un statut de légende. La version moderne qui nous attend confiera à nos bons soins son 6 cylindres à plat de 3,8 litres logé à l’arrière, riche de 400 chevaux et en mesure de filer à 299 km/h et de boucler le 0-100 km/h en 4,4 secondes, tout en nous prodiguant sa traction intégrale rassurante.

La Cayman, elle, bien qu’elle affiche des traits immanquablement 911, s’avère sans doute la plus méconnue de la famille. La sœur à toit rigide du cabriolet Boxster (désormais appelé 718 Boxster) jouit avec raison de son propre culte chez les connaisseurs. Sa prise en main émerveille quiconque la pousse un peu. Avec son 6 cylindres à plat de 3,4L et ses 325 chevaux, la Cayman S a le don de transformer n’importe quel ruban d’asphalte en tapis volant.

Notre premier objectif est d’atteindre le Fairmont Château Montebello. Pas seulement pour y passer la nuit mais aussi parce que l’immense réserve qui jouxte le réputé établissement en bois rond recèle un terrain de jeu pour véhicules 4×4.

Une marque concurrente (Land Rover pour ne pas la nommer) y organise fréquemment des tests pour démontrer les capacités hors route de ses véhicules. C’est exactement ce que nous propose Porsche en nous invitant à bord de Cayenne S flambant neufs.
De fait, nous nous sommes amusés à placer les VUS dans des situations pour le moins inhabituelles : pics pentus, marres d’eau, ornières profondes. On se secoue le dentier, on n’avance alors que seulement une roue touche au sol, bref, nous multiplions les exercices destinés à prouver la solidité et la fiabilité du Cayenne en toutes circonstances.

Oui, je sais, vous êtes ici en principe pour dévorer des kilomètres en 911 et Cayman mais, un, vous ne perdez rien pour attendre ; deux, vous restez dans l’univers magique de Porsche ; et trois, croyez-moi, jouez dans la bouette avec des bagnoles de ce prix, c’est très libérateur !

La caravane en folie
Le lendemain matin, un soleil encore frisquet fait scintiller la rosée qui perle sur nos bolides alignés devant l’entrée principale de l’hôtel par les membres de l’équipe qui travaillent dans l’ombre pour lisser tout souci. Les autres résidents du Montebello n’arrêtent pas de prendre des photos de ces autos que la lumière dorée rend encore plus spectaculaires. Quand chaque duo intègre son cockpit assigné, on se sent privilégié. La caravane s’ébranle sous une tonne de regards envieux. Et ce qui suivra sera l’un des moments forts du programme…

​Normalement, vous me diriez que rallier Montebello au Mont-Tremblant serait une affaire de, mettons, une heure et demie, n’est-ce pas ? Nous allons en mettre plus de cinq !

Parce nos deux instructeurs vont nous entraîner dans des routes de campagne connues seulement des perdrix du coin. Il n’y a souvent pas âme qui vive le long de ces chemins qui serpentent, montent, dévalent. Alors, on s’éclate !

On file le long de ces lacets avec un enthousiasme qui est magnifié par la beauté du spectacle offert par tous ces feuillages multicolores. Je n’avais jamais fait connaissance avec la campagne québécoise de cette manière…

Chaque Porsche est dotée d’un walkie-talkie. Les instructeurs ne cessent de s’en servir : « Attention, il y a du sable dans les prochains virages » ou « gros camion en sens inverse, on ralentit svp ».

Kees et Jonathan nous refilent des trucs pour mieux conduire mais aussi pour rester en vie. Ils ne badinent pas avec les règles de sécurité élémentaires. Seulement quand la route devant est-elle parfaitement déserte qu’ils autorisent un rodéo de quelques secondes, juste assez pour percevoir la précision des machines et sentir bouillonner un peu plus notre adrénaline.

Chaque pause (savoureux lunch au resto Recto Verso de Sainte-Adèle) est l’occasion pour les participants de déballer leurs impressions, de poser des questions aux instructeurs et de mieux se connaître entre eux. C’est clair, le fun est dans la cabane. Quand nos guides signalent une nouvelle mise à feu, personne ne se fait prier pour regagner l’habitacle, son creuset à sensations fortes.

​La deuxième nuit se niche dans le meilleur hôtel de la région du Mont-Tremblant, le Quintessence. Le repas du soir est à son image, un festin gastronomique. On ne veille pas tard parce que tout le monde a des heures de conduite athlétique dans le corps et que demain nous attend la cerise sur le sundae.

Émuler le maître
Au troisième matin, nous filons sur l’autoroute 117 puis la 15 en direction de Mirabel. Le beau temps est encore au rendez-vous. Un convoi de 911 et de Cayman qui accapare la voie de gauche sous un soleil glorieux a quelque chose d’impressionnant. Les autres conducteurs nous cèdent volontiers le passage pour admirer la parade. Le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel refait surface. Même un policier rivé à son radar nous envoie la main…

Nous arrivons au Circuit ICAR. Vous connaissez : en opération depuis 2008, on y organise des cours de conduite avancée, des séances privées, des épreuves NASCAR, etc.

Ce matin-là, la piste de 3,8 km est à nous. L’idée est simple : chaque quatuor d’autos suit son instructeur. Ce dernier roule d’abord mollo puis met de plus en plus la gomme. Il s’agit de faire pareil. Après chaque tour complet, l’auto immédiatement derrière le prof se positionne en queue de peloton afin que nous ayons tous la chance de planter nos pneus dans les sillons de l’expert. Ce qu’il fait, nous l’imitons. Enfin, nous essayons.

Alors que je joue du volant comme un maniaque pour rester dans ses traces, lui continue de prodiguer des instructions dans son walkie-talkie, comme si de rien n’était. Je ne suis pas dans sa ligue. Mais il s’agira néanmoins d’un nirvana personnel. Rien de tel qu’émuler un maître pour se sentir progresser.

En tentant de dompter ICAR au volant des Cayman et 911, nous enregistrons dans notre subconscient les différences évidentes, d’autres plus subtiles, entre les deux montures. Nous en parlons abondamment à l’heure du lunch.
​Puis vient le moment de repartir vers l’aéroport d’Ottawa, notre point de départ et de fin d’aventure. Nous connaîtrons encore de bons instants sur ce chemin du retour mais les meilleurs sont derrière nous. Le party achève. À l’aéroport, c’est la ronde des adieux. C’est fou comme des liens se tissent en trois jours. On rigole, on se serre la pince, puis on repart chacun vers son chez soi.

Hélas, mon auto n’est pas une Porsche. J’allume la radio mais quelque chose fait défaut. Ah, je sais : il me manque déjà la voix de mon instructeur crépitant dans le walkie-talkie pour me dire comment négocier la prochaine courbe…


Comment s’inscrire ?
Des événements similaires sont organisés dans le monde entier par Porsche Travel Club mais ils n’incorporent pas les segments hors route et sur circuit fermé comme le programme canadien. On sait déjà que la Tournée Performance prévue cette année en Colombie-Britannique se déroulera deux fois plutôt qu’une du 25 au 30 juin. Vous apprendrez les dates pour notre coin de pays en vous rendant sur www.porschedrivingexperiencecanada.ca. Une dernière bonne nouvelle : le prix de la Tournée 2015 avait été fixé à 3 995 $ par personne ; pour 2016, Porsche Canada l’a abaissé à 3 495 $.

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Jennifer Cooper, la directrice de la Tournée Performance Porsche au Canada, en compagnie de Kees Nierop, l’un de nos deux instructeurs plus que compétents.

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