«L’Aiglon», le grand pari de l’OSM

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«L’Aiglon», le grand pari de l’OSM

Tiré du journal Le Devoir Photo: Koralie Deetjen-Woodward

L’opéra longtemps oublié aura une distribution toute francophone et fera l’objet d’un enregistrement en mars

Devant des reconstitueurs de la garde napoléonienne, Kent Nagano est accompagné de gauche à droite par les sopranos Kimy McLaren et Marianne Fiset ainsi que par le baryton Étienne Dupuis.

L’Orchestre symphonique de Montréal réunissait la presse, lundi, pour attirer l’attention du public sur le projet phare de sa saison : la présentation, les 17, 19 et 21 mars, deL’Aiglon, opéra oublié écrit conjointement en 1936 et 1937 par Jacques Ibert et Arthur Honegger. L’opéra en cinq actes est inspiré de la pièce du même nom écrite en 1900 par Edmond Rostand pour Sarah Bernhardt.

L’Aiglon, exemple rarissime d’oeuvre classique partagée entre deux compositeurs, se penche sur le personnage du fils de Napoléon 1er et de Marie-Louise d’Autriche. Créé en mars 1937 à l’Opéra de Monte-Carlo, l’opéra explore les frustrations de ce fils, qui vit à la cour d’Autriche et ne parvient pas à marcher dans les traces de son père. Présentant l’oeuvre, Françoise Davoine, de Radio-Canada, a attribué à Ibert les actes I et V et à Honegger les actes II, III et IV.

Kent Nagano a dit, lundi, voir « des sujets très actuels, comme l’insatisfaction vis-à-vis de soi-même ou de ses parents ». Le chef a aussi souligné l’importance de « célébrer la langue française » et s’est référé à son projet de Salomé de Strauss dans le livret original français, qu’il réalisa à Lyon en 1990.

L’Aiglon n’a connu qu’un enregistrement, par Pierre Dervaux en 1956. Oublié pendant un demi-siècle, l’ouvrage a été ressuscité en 2004 à l’Opéra de Marseille dans la mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser, un spectacle adapté en 2013 par l’Opéra de Lausanne. C’est à peu près tout. La plus-value que recherche l’OSM est triple : proposer la création de l’oeuvre en Amérique du Nord, promouvoir une distribution totalement francophone et majoritairement québécoise et réaliser un enregistrement discographique pendant les représentations. Chose ô combien emblématique, c’est avec Decca que les discussions pour ce projet de disque sont menées. Éditeur historique des disques de l’OSM, Decca n’a plus posé ses micros à Montréal depuis octobre 2000.

Pour promouvoir cet événement, le Quartier des spectacles s’associera à l’OSM entre le 6 et le 21 mars, un artiste peignant en direct deux oeuvres sur de grandes toiles. La création sera projetée en direct sur les édifices de l’UQAM et du Théâtre Maisonneuve.