Le Barreau du Haut-Canada condamne l’assassinat de l’avocate Salwa Bugaighis

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Le 25 juin 2014, Me Salwa Bugaighis était assassinée à Benghazi, en Libye. Me Salwa Bugaighis avait joué un rôle majeur dans la révolution libyenne de 2011. Elle défendait l’égalité des sexes et la participation des femmes à la vie politique en Libye. De plus, elle était membre fondatrice du Conseil national de transition de Libye et membre du comité préparatoire au dialogue national. Me Salwa Bugaighis était aussi connue pour son travail de défense des prisonniers politiques.

Me Salwa Bugaighis avait accusé des groupes militants de miner les élections parlementaires libyennes du 25 juin 2014 et avait demandé la protection des bureaux de vote. Le jour de son décès, elle avait participé à une entrevue téléphonique avec la chaine de télévision libyenne al-Nabaa et avait parlé des combats entre l’armée et les factions islamistes à Benghazi. Elle craignait que la violence empêche la population d’aller voter.

Peu après l’entrevue, Me Salwa Bugaighis était tuée d’une balle à son domicile de Benghazi par des agresseurs cagoulés. Nous croyons qu’elle a été ciblée en raison de son travail en droits de la personne. Son mari, Essam al-Ghariani, un membre élu du conseil municipal de Benghazi, est porté disparu depuis l’attaque du 25 juin 2014. On craint qu’il n’ait été enlevé par les agresseurs.

Le Barreau est très préoccupé par les situations où les avocates et les avocats sont ciblés dans l’exercice légitime de leurs fonctions. Les instruments internationaux portant sur les droits de l’homme, y compris la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, affirment que le respect des droits de la personne est essentiel à la promotion de la primauté du droit. L’article 16 des Principes de base des Nations Unies relatifs au rôle du barreau prévoit que « les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; puissent voyager et consulter leurs clients librement, dans le pays comme à l’étranger; et ne fassent pas l’objet, ni ne soient menacés de poursuites ou de sanctions économiques ou autres pour toutes mesures prises conformément à leurs obligations et normes professionnelles reconnues et à leur déontologie ».

Le Barreau du Haut-Canada exhorte le gouvernement libyen :

a. à faire une enquête approfondie sur le décès de Salwa Bugaighis et de veiller à ce que les auteurs de cet acte de violence soient jugés devant la justice;
b. à faire en sorte que tous les avocats et avocates puissent exercer leurs activités pacifiques et légitimes sans craindre la violence physique ou d’autres violations des droits de la personne;
c. à mettre fin à tous les actes de harcèlement et d’intimidation contre les avocats des droits de la personne en Libye;
d. à assurer en toutes circonstances le respect des libertés et droits fondamentaux de la personne conformément aux normes internationales en matière de droits de la personne et aux instruments internationaux.

Le Barreau du Haut-Canada est l’organisme régissant plus de 45 000 avocats et quelque 6 000 parajuristes dans la province de l’Ontario au Canada et le trésorier en est le chef. Le mandat du Barreau est de réglementer la profession juridique dans l’intérêt du public en maintenant l’indépendance, l’intégrité et l’honneur de la profession juridique pour faire progresser la cause de la justice et la primauté du droit.

Le Barreau presse la communauté juridique d’intervenir pour aider les membres de la profession juridique en Libye dans leurs efforts pour défendre le respect des droits de la personne et promouvoir la primauté du droit.