Lexus ES 350, La simple élégance

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Lexus ES 350, La simple élégance

Par Michel Crépault

J’ai toujours pensé que le nom Lexus avait été brillamment choisi. Nous sommes dans les années 80 et Toyota, une compagnie qui a de plus en plus confiance en ses moyens, décide de frapper un grand coup tout en ripostant à sa rivale Honda qui vient de lancer Acura, une division centrée sur l’automobile de luxe. Toyota décide donc à son tour d’envahir l’univers du prestige.

     Quand elle commercialise en 1989 la limousine LS 400 et la berline intermédiaire ES 250, les deux premières Lexus à débarquer sur nos rives, les amateurs de belles voitures savent que leur magasinage n’en sera désormais que plus complexe.

Le nom Lexus transmet immédiatement un message clair. Il faut dire aussi que rares sont les lancements d’une nouvelle marque aussi bien réussis ! La LS 400 se fait immédiatement encenser par les critiques, à un point tel que BMW et Mercedes-Benz voient leurs ventes en souffrir.

La ES, de son côté, se fait gentiment reprocher de n’être qu’une Camry endimanchée et de proposer une conduite trop aseptisée. À vrai dire, cette dernière critique restera longtemps accolée à toute la gamme Lexus. On ne reprocha pas toutefois à la ES son prix d’entrée attrayant qui permet à l’acheteur de mettre les pieds dans un club ouaté.

Depuis cette première ES, bien des choses ont changé. Tout d’abord, elle n’est plus la moins chère des Lexus, cet honneur appartenant maintenant à la CT 200h. Ensuite, la sixième génération de ES dévoilée au salon de l’auto de New York en 2012 partage désormais autant de points communs avec la Camry qu’avec la grande berline Avalon.

Surtout, les dirigeants de Toyota avaient annoncé en grandes pompes que leurs Lexus distilleraient enfin de la passion. Sur le coup, on a presque cru à un canular, connaissant le conservatisme de la marque. Mais les patrons ont tenu parole. Ça se voit à l’extérieur, où les carrosseries Lexus n’ont jamais été autant sculptées pour faire jaser, et ça se ressent quand le pied droit écrase l’accélérateur.

Sauf que, dans la cas de la ES, on a jugé préférable d’y aller mollo avec les changements drastiques.

Oui, si jadis une ES donnait envie de bailler aux corneilles, ses deux modernes héritières, la 350 et l’hybride 300h, marient l’élégance et le dynamisme, mais sans pour autant rejeter la sobriété. En fait, si la majorité des nouvelles Lexus proposent des looks étonnants, la ES préfère maintenir une certaine tradition. Après tout, puisqu’elle s’avère le modèle de la marque le plus vendu aux États-Unis depuis 15 ans, pourquoi gâcher la sauce?

La grille surdimensionnée en forme de sablier – la nouvelle signature de Lexus – domine la calandre. Le capot et les bas de caisse sont ciselés de manière à afficher un peu de muscle. Le toit panoramique en verre teinté s’agence bien avec les nouvelles proportions allongées. Mais, dans l’ensemble, la coque reste sage. Fluide, élégante, posée. Et l’unanimité règne : voici la plus belle ES dessinée à date.

L’habitacle gagnant
Puisque le propriétaire typique d’une Lexus ES ne cherche ni à épater la galerie, ni à jouer aux pilotes de course, c’est dans l’habitacle qu’il faut le convaincre. Heureusement, à cet égard, Lexus frappe un coup de circuit.

De prime abord, c’est l’ergonomie et le choix des matériaux qui séduisent. La disposition de la planche de bord à l’horizontale donne non seulement une impression d’espace, mais procure aussi un sentiment de solidité, à la manière des allemandes. La qualité des matériaux émerveille. On y retrouve notamment de l’érable moucheté véritable et du cuir garni de surpiqûres ajoutées à la main par l’un des 12 maîtres « takumi » (artisan) formés par Lexus.

Avec de l’espace à profusion pour les cinq occupants et une bonne position de conduite immédiatement trouvée, la question du confort ne se pose même pas. D’ailleurs, si Lexus n’avait pas rapidement formulé sa propre recette infaillible du confort, la marque ne jouirait pas de sa renommée actuelle.

De petits bémols entachent le portrait. Ainsi, le système d’infotainment (qui amalgame les données du véhicule, de la navigation et du divertissement) présente une apparence banale, peut-être volontairement conventionnelle. En revanche, la souris « remote touch » optionnelle, qui contrôle les 1001 fonctions, pousse sans doute le modernisme un peu loin. Il faut aussi noter que Lexus propose trois groupes d’options, soit Touring, Technologie et Exécutif, qui vous feront facilement ajouter 10 000$ en options diverses.

Mécaniquement parlant, Lexus offre le choix entre un V6 3,5L de 268 chevaux jumelé à une transmission automatique à 6 vitesses, et un 4-cylindres à cycle Atkinson DACT couplé à un moteur électrique qui, ensemble, délivrent 200 chevaux. Cette motorisation hybride n’est disponible qu’avec la transmission CVT. Dans les deux cas, ce sont les roues avant qui sont entraînées.

Bien entendu, la version hybride détient un avantage considérable au plan de la consommation de carburant (autour de 5 litres aux 100 km en faisant attention) et des émanations polluantes. En revanche, elle procure moins de puissance et sa transmission CVT affecte la finesse de roulement du véhicule. Il est donc important de bien évaluer ses priorités et d’essayer les deux modèles avant de prendre une décision.

Comportement doux
La Lexus ES est la voiture à prescrire si le confort et la tranquillité d’esprit font partie de vos critères d’achat prioritaires, si le fait de vous « amuser au volant » vous importe autant qu’un rhume de cerveau. La direction n’est pas particulièrement précise. La transmission du modèle équipé du V6 travaille en souplesse mais prend un peu de temps à répondre si on lui en demande trop.

Mais mettez ces détails de côté et vous serez agréablement surpris par la douceur de roulement de la ES. Elle est silencieuse, surtout nantie du V6. La suspension boit les irrégularités de la route comme un buvard. La direction, à défaut d’être chirurgicale, est légère et demande très peu d’efforts de la part du conducteur. Additionnez cette aisance à la qualité d’assemblage des matériaux, à l’opulence générale de la cabine et la ES devient un cocon dans lequel il devient très facile d’oublier le stress du quotidien et de sillonner le Québec en étant bercé par les beaux décibels de la sono Mark Levinson (optionnelle et recommandée).

Si plusieurs constructeurs tentent aujourd’hui de pimenter leurs produits, et s’il est vrai que Lexus fait de même, la ES reste plutôt fidèle à une clientèle plus conservatrice, à la recherche d’un véhicule luxueux, serein et fiable. Grâce à son habitacle très réussi et au confort de roulement, en plus de sa fiabilité et sa valeur de revente reconnue, la ES demeure pour certains acheteurs un véhicule hautement recommandable.