L’un des journalistes les plus influents est un Dionne de chez nous

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L’un des journalistes les plus influents est un Dionne de chez nous

De ses origines québécoises, Eugène J. Dionne Jr a conservé une très vieille tradition, perdue ici avec l’eau du bain de la Révolution tranquille.

Jacques NoëlSociologue, prof, globe-trotter et journaliste, auteur du livre La Diaspora québécoise

Le chroniqueur du «Washington Post», Eugene J. Dionne Jr, a grandi dans un environnement canadien-français.
Eugene Joseph Dionne Jr est chroniqueur au Washington Post depuis 1993. Invité régulièrement à This Week with George Stephanopoulos à ABC et à Meet the Press à NBC, Eugène J. Dionne Jr est l’un des journalistes les plus influents des États-Unis. Le Washingtonian Magazine l’a classé dans son top 50 et le National Journal parmi les 25 plus influents.

Diplômé de Harvard et boursier Rhodes à Oxford, d’où il est revenu avec un doctorat, Dionne a été correspondant pour le New York Times pendant 14 ans avant de passer au Post.

Extrême centriste sur le plan politique, il a écrit plusieurs livres dont Why Americans Hate Politics. Très remarqué par la critique, le livre a remporté le Los Angeles Times Book Prize et a été en nomination pour le National Book Award.

Dionne y soutient que plusieurs décennies de polarisation politique ont complètement aliéné la majorité silencieuse qui se situe au centre et non à droite comme on a tendance à penser:

«La guerre entre la gauche libérale et la droite conservatrice a polarisé les débats au point de rendre tous compromis sur les problèmes fondamentaux impossibles. Ce clivage a causé un blocage dans le système politique, qui a mené au dégoût actuel que la majorité des Américains ressent à l’égard de la politique et des politiciens.»

Il reproche à la gauche d’utiliser les tribunaux, plutôt que les parlements pour faire avancer ses causes. Il reproche à la droite de faire l’autruche et d’ignorer sa responsabilité dans le désastre des prêts hypothécaires, le coût astronomique du système de santé et l’échec du système scolaire, qui produit des semi-analphabètes.

De ses origines québécoises, Eugène J. Dionne Jr a conservé une très vieille tradition, perdue ici avec l’eau du bain de la Révolution tranquille, qui ferait plaisir à un Mathieu Bock-Coté: «Quand je mets mes enfants au lit, je récite la même prière que ma défunte mère récitait à ma soeur et moi. La prière est en français. J’espère que ça ne fait pas de mes enfants de moins bons Américains, d’entendre des pensées spirituelles dans une langue autre que l’anglais avant de s’endormir».

De la Champagne au Washington Post
Eugène J. Dionne Jr est né à Fall River, Massachusetts, le 23 avril 1952. Son père était dentiste, sa mère, Lucienne Galipeau, prof et bibliothécaire.

«Mon père, né aux États-Unis, a grandi dans un environnement canadien-français autour de New Bedford, Mass», raconte M. Dionne. «Lorsqu’il a commencé l’école, il parlait anglais avec un fort accent. Son prof de première année se moquait de son anglais.»

«Mon père a réappris l’anglais, avec l’aide d’un ami généreux du nom de James Radcliffe de qui, en retour, il lui enseignait le français. Mon père a fini par parler sans accent. Ma mère et lui ont toujours insisté pour que leurs enfants parlent la langue de notre nation correctement, sans erreurs grammaticales.»

«Rien de cela n’a entraîné un rejet de leur héritage français. Au contraire, ma sœur et moi avons été élevés en français plutôt qu’en anglais, parce que mes parents étaient fiers de la langue de leurs ancêtres et savaient que parler plus d’une langue serait utile dans la vie.»

Source: Huffington Post