Me Louis Demers publie un livre, Chroniques d’un avocat de litige civil

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Par André Gagnon

Louis Demers pratique le droit en litige civil à Montréal depuis bien des années. Au cours de sa carrière, il a représenté tant des individus, des PME, des grandes entreprises et des partis politiques ainsi que le gouvernement du Québec. Cet ouvrage réunit une quinzaine de notes qu’il a rédigées au fil du temps, inspirées aussi bien de sa vie privée que de sa vie professionnelle. Écrit dans une langue souple et sensible, à l’humour mordant, le portrait qui en résulte est celui d’une époque conflictuelle et désillusionnée. Mais l’aspect qui retiendra sans doute la plus grande attention est le lien entre l’auteur et Tony Accurso, l’entrepreneur par qui, dit-on, le mal arrive. Commentant aussi bien l’homme que ses démêlés avec les journalistes, s’arrêtant également à quelques moments du déroulement de la commission Charbonneau, Louis Demers livre ici un témoignage qui, s’il ne fera pas l’unanimité, sera remarqué pour son honnêteté et son courage ainsi que pour son désir évident de contribuer à une réflexion franche sur un moment trouble de l’histoire contemporaine.

Tiré de la jaquette du livre de Me Louis Demers.

Peu d’avocats écrivent sur leur pratique et leur expérience professionnelle d’où l’intérêt pour le magazine Le Monde Juridique de faire mention de cet ouvrage très récent. Davantage encore dans le contexte présent où un homme, ingénieur par surcroît (ce qui est rarement mentionné dans les compte-rendus des médias à son sujet), l’un des plus importants entrepreneurs en construction au Québec et même au Canada, dont le chiffre d’affaires annuel oscillait selon nos sources entre 800,000,000 $ et un milliard, avec des pointes d’employés atteignant 3000 personnes généralement bien payés.

Ce Québécois d’origine italienne (calabrais, dit-on) a continué la compagnie que son père a créé dans les années 50 pour en faire l’un des fleurons du Québec, grâce en grande partie aux nombreux financements consentis par le Fonds de Solidarité de la FTQ (Fédération des Travailleuses et Travailleurs du Québec) dont il fut à l’époque du président Louis Laberge, lui-même ancien membre du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et Placement du Québec à une certaine époque.

Si l’on reconnait que M. Accurso fait l’objet de plusieurs poursuites importantes pour lesquelles il a droit à une défense pleine et entière qu’assument les avocats les plus compétents dont il a retenu les services, reconnaître le rôle majeur dont son avocat de litige pendant des années, Me Louis Demers, autrefois de De Grandpré Chait jusqu’à tout récemment, n’est que justice et équilibre journalistique.

Voici donc un résumé verbatim succinct d’un chapitre de ce livre coloré qui traite de beaucoup d’autres sujets qu’évoque Me Demers sur sa carrière bien remplie de plus de 35 ans au prétoire qui met en lumière les faits et gestes d’Antonio «Tony» Accurso qui mérite d’être révélés et qui permettent de jeter un regard moins embrouillé par la dégelée presque quotidienne que nous ont servi notre presse bien guidée par des sources policières rompues au « pissage dans l’oreille » de certains journalistes par ailleurs compétents mais qui n’ont pas eu la chance de vérifier les montages bien orchestrés de leurs sources qu’un contre-interrogatoire bien senti en Cour réduit à néant. Cela étant dit dans le respect de mes confrères et consoeurs journalistes.

Les Chartes de droit octroient à tout citoyen une défense pleine et entière à toute personne qui fait l’objet d’accusations criminelles graves. Ce principe est sacrosaint pour Le Monde Juridique. Et pour nos lectrices et lecteurs.

Qu’est-ce qui a motivé Louis Demers à écrire un livre ?

Q. Depuis combien de temps pratiquez-vous le droit et dans quels domaines?

R. Je pratique le droit depuis plus de 35 ans en litige civil dans des domaines très variés. Au cours de ma carrière, j’ai représenté des particuliers, des PME, des grandes entreprises, des partis politiques tant au fédéral, au provincial qu’au municipal, ainsi que le gouvernement du Québec.

Q. Et après toutes ces années, vous avez décidé d’écrire un livre?

R. Effectivement, j’ai écrit un livre que j’ai intitulé Scènes d’une époque trouble-Carnet d’un avocat qui vient de paraître aux Éditions Liber. Il réunit une quinzaine de notes rédigées au fil du temps et qui recoupent aussi bien ma vie personnelle que professionnelle.

Q. Qu’est-ce qui vous a amené à publier ce livre?

R. C’est sans doute ma pratique des dernières années qui m’a motivé à écrire, et plus particulièrement les poursuites que j’ai intentées pour des clients contre certains media et journalistes, ainsi que quelques moments de la Commission Charbonneau. J’ai pensé livrer ces réflexions, et d’autres plus personnelles, en alliant critique et humour.

Q. Il s’agissait donc d’une expérience nouvelle pour vous ?

R. On écrit beaucoup comme avocat, mais écrire un livre que l’on espère pertinent et accessible à un public plus large que la communauté juridique constitue un exercice bien différent que celui de rédiger lettres de mises en demeure et des procédures judiciaires.

Q. Cet exercice a-t-il comporté pour vous des difficultés particulières?

R. Il y a effectivement des écueils à éviter. On doit bien sûr respecter le secret professionnel, ne pas traiter de dossiers en cour d’instance, ne pas diffamer, mais tout en restant sincère dans ses propos.

Q. Votre démarche est assez unique?

R. Les avocats devraient se permettre davantage d’écrire sur leurs expériences, comme le font les avocats français par exemple. Ils connaissent souvent l’envers de certaines médailles que la population aurait intérêt à connaître. Je pense aussi que l’image de l’avocat y gagnerait en faisant mieux connaître la profession et ses exigences.

Q. Vous avez changé de cabinet récemment?

R. Effectivement, je suis revenu dans le Vieux-Montréal, comme au début de ma carrière, dans une petite boutique en litige civil et commercial comme on dit maintenant. Je travaille avec des avocats avec qui j’étais associé il y a 18 ans et je suis très heureux de ma décision.

Q. Ceci fait beaucoup de changement?

R. Peut-être, mais je crois qu’il faut assumer le changement et, personnellement, l’exercice auquel je me suis livré lorsque j’ai décidé d’écrire mon livre m’a beaucoup plu. J’espère que les gens apprécieront sa lecture.