Me Nicola Di Iorio versera son salaire de député fédéral à des causes qui lui tiennent à cœur
CHERS CONCITOYENS ET CHÈRES CONCITOYENNES, EN ACCORD AVEC NOTRE PREMIER MINISTRE, JE SOUHAITE PARTAGER LE MESSAGE QUI SUIT AVEC VOUS:
Monsieur le Premier ministre,
Quand vous m’avez approché pour être candidat au printemps 2015, vous avez surmonté mes réticences en insistant sur le fait que la communauté italienne du Québec devait être représentée à la Chambre des Communes par un de ses leaders capable de rétablir la renommée de tous ses concitoyens qui ont littéralement construit ce pays. Mes pensées allaient à ces femmes et ces hommes qui, arrivés au pays dépossédés de biens matériels, se sont mis au travail, ont élevé leur famille et ont tissé des liens les uns avec les autres afin de créer de toute pièce une communauté qui aujourd’hui sert de référence aux nouveaux arrivants. Surtout, ils l’ont fait en devenant un modèle d’intégration qui fait l’envie du monde.
Vous me saviez également préoccupé par la tragédie que constitue la conduite avec facultés affaiblies. Je voulais m’inspirer du travail que j’avais entrepris afin de propager le message à l’échelle du pays tout entier. J’ai toujours cru que le travail bénévole que je fais contribue, comme ceux de tant d’autres, à faire une différence, à améliorer le bilan routier et ainsi à sauver des vies. Je savais que l’engagement de légaliser le cannabis allait poser un défi considérable. J’ai néanmoins fait un acte de foi. Je le faisais en demeurant vigilant devant le péril qu’une solution aux problèmes de la criminalité liée au cannabis n’en crée pas un autre en aggravant le danger auquel sont exposés les usagers de la route, en particulier ceux soumis à une plus grande vulnérabilité comme les jeunes.
D’autres sujets d’importance m’interpelaient. J’en rappelle certains. La congestion routière et son impact sur la qualité de vie des citoyens. La transition vers une véritable économie verte qui offre aux canadiens une réelle opportunité d’épanouissement, où j’ai prêché par l’exemple en devenant le premier parlementaire à se véhiculer en tout électrique. Le soutien à notre système de justice, en assurant qu’il se trouve sous la gouverne des juges les plus qualifiés qui se puissent, afin qu’il soit mobilisé pour garantir la pérennité de la règle de droit à l’aube des mutations majeures qui marquent notre société et qui résultent, en grande partie, de développements technologiques aux ramifications insoupçonnées. Je pense entre autre à leur impact sur notre main d’œuvre. Ainsi, ces bouleversements profonds requièrent plus qu’une actualisation des lois du travail. C’est toute leur architecture qui doit être revue. Enfin, cette transformation, et les forces qui la propulsent, justifient – nous en savons quelque chose – également une révision en profondeur de notre fiscalité.
Je n’aurais jamais entrepris le cheminement auquel vous me demandiez de souscrire sans le soutien de chacune des femmes qui composent l’essentiel de ma vie. Si nos proches nous donnent l’élan pour nous lancer et agir, il nous faut savoir quand être de retour même si parfois cela signifie que les attentes de l’ensemble de notre entourage devront être satisfaites autrement.
C’est dans pareil contexte que je vous ai annoncé mon intention de démissionner. À ce moment, j’ai rappelé cinq grandes réalisations qui m’habiliteraient à passer le flambeau, sachant que mon œuvre bénévole me permettrait de continuer mon action en tant que citoyen engagé. Je mentionnais ainsi La Semaine nationale de la prévention de la conduite avec facultés affaiblies; la reconnaissance de la communauté italienne; l’intégrité du processus de nomination à la Cour suprême; la mise en action de la prolongation de la Ligne bleue et l’équité du plan fiscal.
Je représente fièrement un des comtés les plus multiethniques au Canada. Le cadeau que j’emporte avec moi est celui d’avoir tissé des liens avec toutes ces personnes de provenances si diverses et qui travaillent à préserver tout ce qui fait la grandeur de notre pays tout en le préparant aux défis qui attendent les générations qui nous succéderont. Je suis non seulement issu de l’expérience de l’immigration, j’en ai aussi, comme tous les concitoyens de mon comté et de ma communauté italienne, été profondément marqué. Nous tous en portons les stigmates mais aussi l’énergie de ce qui s’apparente à un traumatisme duquel émerge une renaissance. Les opportunités qu’offre notre pays à toute personne qui y vient – avec espoir, ardeur au travail et engagement à respecter ses lois – sont sans pareilles.
Vous le savez, je désire le rappeler, je serai toujours très ferme dans la défense du Québec, de ma communauté, et dans l’expression de la fierté de mes origines. Après le comté d’Honoré-Mercier, celui que j’ai l’honneur de représenter compte le plus de citoyens originaires d’Italie. Aussi, la personne qui me succédera devra rallier cette communauté comme toutes les autres de la circonscription. Connaissant bien mon comté, je crois fermement qu’elle devra avoir un cheminement notable avec la communauté italienne, un engagement démontré envers cette dernière et des relations qui la maintiennent à l’abri de tout reproche. Les 110 000 personnes que je représente le méritent.
À la succession dans mon comté et à la sauvegarde de la contribution de ma communauté se jouxte une autre très importante préoccupation où un leadership fort est requis: la sécurité de nos citoyens et particulièrement de nos jeunes. Vous avez mis en place plusieurs initiatives, certaines symboliques et d’autres plus substantielles, pour intéresser davantage les jeunes à leur engagement démocratique. Simultanément, vous avez mené à terme votre engagement de légaliser le cannabis. Très tôt, j’ai porté à votre attention ma préoccupation à l’égard des fatalités et de l’importance d’empêcher un impact qui soit des plus considérables et disproportionnés sur nos jeunes usagers de la route. À ce moment j’ai exhorté les gouvernements de tous les paliers à ne pas céder à la tentation de profiter des revenus du cannabis. J’ai insisté sur le fait que ces derniers doivent servir à la prévention. Ces efforts se veulent un déclencheur à la mobilisation citoyenne pour sauver des vies.
Vous pouvez dès lors imaginer mon enthousiasme quand j’ai appris votre engagement à soutenir financièrement, année après année, la Semaine nationale de la prévention de la conduite avec facultés affaiblies avec un budget substantiel en vue d’en assurer la réalisation, l’atteinte des objectifs et la pérennité. Cette nouvelle me réjouit au plus haut point car des vies seront ainsi sauvées. Vous savez aussi combien cet engagement me tient à cœur et c’est pourquoi j’avais fait part de ma décision, dès la rentrée, de faire don de mon salaire à cette cause tant que je serai en fonction dans notre Parlement.
Après avoir annoncé ma démission, j’ai entrepris une tournée de mon comté et des forces vives qui le composent, activité que j’ai poursuivie sans interruption tout au cours de la saison estivale jusqu’à maintenant. Il va de soi que je voulais remercier mes électrices et mes électeurs. Je voulais aussi les rassurer quant à mon soutien indéfectible, lequel se poursuivra tant que la vie me l’autorisera. Mon expérience, mes qualifications et mon engagement leurs sont acquis même en l’absence de fonction officielle. À ma grande surprise, je me suis laissé convaincre de tenter de remettre en question le douloureux choix que j’avais fait d’annoncer ma démission.
Comme vous le savez, en me concentrant sur les mandats que vous m’avez donnés, j’ai dû demeurer à l’écart de la Chambre depuis la rentrée. Pendant cette période, j’ai poursuivi mes consultations et ma réflexion quant à mon avenir. L’heure est maintenant venue pour moi de conclure que mes efforts, mon engagement et ma volonté de mobilisation pour les causes qui me tiennent tant à cœur seront vouées à de meilleures probabilités de réussite si je les mène en tant que citoyen engagé plutôt qu’à titre de député.
Il n’y a pas de meilleurs citoyens pour un député que ceux de Saint-Léonard – Saint-Michel. Ils m’ont accordé la plus forte majorité qui soit parmi mes collègues. Je leur serai pour toujours redevable pour leur appui, leur attachement et toute cette affection qu’ils me manifestent. Ma situation familiale et personnelle, malgré mes tentatives de la réconcilier avec mon engagement envers eux, ne me permet pas la latitude essentielle et nécessaire au parcours que nous avions envisagé au départ.
Afin de finaliser certains projets avec mes concitoyens et les mandats que vous m’avez confiés, je demeurerai, tel que convenu, en poste jusqu’à la veille de la prochaine session, à savoir le 22 janvier 2019, à partir de quand ma démission sera effective. Dans l’intervalle, je servirai pleinement mes concitoyens. Je serai présent en Chambre lorsque requis par mon Whip ou par vous et je continuerai à exercer toutes mes autres fonctions de députés. De plus, même après ma démission, je veillerai sur les intérêts de mes électeurs jusqu’à l’élection générale en me rendant disponible, présent et alerte à leurs préoccupations et en leur offrant mon concours en tant que bénévole.
Je travaillerai et demeurerai en tout temps à votre disposition pour servir mon gouvernement, mon parti – et mon chef – ainsi que, même si cela va sans dire, mon pays.
Monsieur le Premier ministre, je vous prie de croire en l’expression de ma plus sincère dévotion à mon pays et vous transmets avec grande affection ce qui s’avère le sentiment de mes plus respectueuses salutations.
Nicola Di Iorio
Député de Saint-Léonard – Saint- Michel