Michel Nadeau est décédé
L’ex-journaliste et expert en finance et en gouvernance Michel Nadeau est décédé en fin d’après-midi, entouré de sa famille. Il a été au cours des dernières décennies un acteur et fin observateur du développement économique du Québec.
Pour Yvan Allaire, qui l’a longuement côtoyé au sein de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), où il a œuvré au cours des dernières années de sa carrière, c’était avant tout un fier Québécois.
Ce qui me frappe de Michel, c’est son engagement envers le Québec, envers le mieux-être économique du Québec, et son énergie dans la poursuite de cet engagement.
Michel Nadeau a commencé sa carrière au quotidien Le Devoir. Il y a d’abord été journaliste, puis éditorialiste et responsable des pages financières, de 1974 à 1984, où il a joué un rôle important de stimulation du débat économique et d’aiguillon des gouvernements de l’époque
, estime M. Allaire.
Puis, à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQCDPQ), il a participé à la formulation des premières politiques de placement pour les déposants et a été responsable de la supervision des grands portefeuilles d’actions et d’obligations, en plus de siéger à tous les comités d’investissements dans les placements privés et l’immobilier.
La Caisse a réagi à la nouvelle par voie de communiqué en soirée, parlant du legs de Michel Nadeau comme d’une grande contribution
à l’institution.
C’est la voix d’un expert apprécié et pertinent qui vient de s’éteindre au Québec
, affirme le chef de la direction de CDPQCDPQ Charles Emond.
En 2000, Michel Nadeau était le numéro deux de la Caisse, lors de la transaction avec Québecor pour l’acquisition de Vidéotron. L’implication de la Caisse de dépôt et placement du Québec avait alors permis à Québecor de contrer les projets de l’entreprise torontoise Rogers de mettre la main sur le câblodistributeur québécois.
Michel a été un très bon journaliste économique, témoigne Jean-Paul Gagné, éditeur émérite de Les Affaires. Son sens critique était développé et il ne cherchait pas à se faire des amis. Il a joué un rôle important à la Caisse de dépôt, notamment dans certaines transactions, telle celle qui a permis à Québecor d’acheter Videotron.
Michel a vraiment travaillé pour développer le Québec en épaulant les entreprises de différentes façons
, ajoute Jean-Paul Gagné.
Sur Twitter, le patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a écrit que si Vidéotron et tant d’autres entreprises du Québec sont restées entre les mains de Québécois/es, le Québec le doit à Michel Nadeau, cheville ouvrière du financement et de l’inspiration d’entrepreneurs/es. Merci Michel pour ces réalisations aussi nombreuses que salutaires.
Le ministre de Finances du Québec, Eric Girard, souligne que Michel Nadeau a grandement contribué au développement économique du Québec
. Il a fait progresser la gouvernance de nos institutions et toujours bien vulgarisé les enjeux économiques
.
Un acteur de la révolution tranquille économique
Le premier ministre François Legault a salué la contribution exceptionnelle
de Michel Nadeau au développement du Québec. Il avait l’économie de notre nation à cœur
, a-t-il écrit sur Twitter. Mes pensées vont à ses proches et à sa famille, en particulier à son frère Jacques.
Michel Nadeau a été l’un des artisans de l’essor économique du Québec. Un essor dont il se disait très fier lors d’une entrevue à l’émission Samedi et rien d’autre avec Joël Le Bigot, le 28 août 2021.
Les gens ne réalisent pas […] d’où nous sommes partis en 1959, affirmait-il. Les progrès qu’on a faits en 60 ans sont assez extraordinaires. Dans beaucoup de domaines, nous avons fait des pas de géant. […] Aujourd’hui, en 2021, on a vraiment réussi.
Il pensait que le Québec avait réussi là où peu d’autres l’avaient fait, notamment avec le développement d’entreprises présentes partout dans le monde, comme SNC-Lavalin ou le Cirque du Soleil.
On a bâti en 60 ans […] des infrastructures, des sociétés d’État, des coopératives, des entreprises privées… ça a donné une économie qui n’est pas trop mal.
Michel Nadeau a également siégé au Comité de régie d’entreprise du Pension Investment Association of Canada (PIACPIAC).
De 2005 à 2020, il a été directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, où Yvan Allaire était directeur exécutif. Il s‘était donné la mission de relever le niveau de gouvernance des organisations au Québec, autant dans le secteur public que privé
, se souvient M. Allaire. Il y a mis énormément d’efforts.
C’est quelqu’un qui avait un amour profond du Québec et une connaissance encyclopédique de l‘économie et des entreprises du Québec.