Pourquoi faire appel à une médiatrice ou un médiateur?

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Pourquoi faire appel à une médiatrice ou un médiateur?

« Comme je suis moi-même un excellent négociateur et que mon client me fait confiance pour lui négocier un règlement satisfaisant, quel besoin ai-je d’un médiateur? »

C’est là une question tout à fait légitime puisque la plupart des avocates et avocats sont effectivement de très bons négociateurs et qu’une partie importante de leur pratique professionnelle consiste à négocier.

En fait, plus de 90% des litiges judiciaires civils et commerciaux se terminent par une entente négociée.

Aussi, dans la plupart des cas, la négociation demeure le premier outil de règlement à privilégier.

Cependant, la négociation seule ne réussit pas toujours à solutionner un différend dans un délai et à des conditions acceptables aux parties impliquées.

Voici ce qu’un médiateur peut vraiment vous apporter de plus lorsque vos négociations ne semblent pas aboutir à la satisfaction de votre client ou assez rapidement à son goût.

Premièrement, de nombreuses recherches ont clairement démontré que le seul fait de faire intervenir une personne neutre dans une négociation réduisait de beaucoup le caractère antagoniste des échanges et aidait les participants à mieux se concentrer sur un objectif commun : trouver une solution satisfaisante pour tous.

Deuxièmement, un médiateur compétent fournira, autant aux avocats qu’aux parties, un environnement sécurisant et fertile pour mener leurs discussions, ainsi qu’un encadrement à leurs échanges qui fera en sorte que, en traversant progressivement certaines étapes préétablies, les chances de succès de la négociation augmenteront considérablement.

Troisièmement, et ce sont là, selon moi, ses plus importants apports à votre négociation, un médiateur expérimenté s’assurera (a) qu’au-delà des revendications et des positions initiales, les véritables problèmes entre les parties soient mis sur la table, (b) que chaque partie ait l’occasion d’exprimer ouvertement à l’autre son point de vue, ses difficultés, ses frustrations et, parfois même, sa colère, (c) que chaque partie puisse bien saisir le point de vue de l’autre, ainsi que ses véritables intérêts (ce qui est, selon moi, l’un des prérequis les plus importants à la recherche d’une véritable solution), et (d) que plusieurs possibilités et avenues puissent être avancées et discutées, sans qu’aucune partie ne se sente liée par celles-ci (même par celles qu’elle a elle-même émises), ce qui permet d’envisager un plus grand nombre d’alternatives, de choisir la plus satisfaisante et, parfois même, de l’améliorer avant qu’une décision n’ait à être prise quant à son acceptation.

Sur le plan pratique, la médiation apporte aussi un réel avantage sur les deux aspects suivants: (i) la rapidité du règlement, et (ii) la qualité du règlement.

Au chapitre de la rapidité, l’on constate qu’une grande partie des règlements négociés surviennent très tard dans le processus judiciaire, souvent dans les quelques semaines, voire jours, précédant le procès. Dans le jargon juridique, l’on parle alors de « règlement sur les marches du palais ».

À ce stade avancé des procédures, les parties ont investi beaucoup d’argent, d’efforts, de temps et d’émotions dans leur différend, ce qui complique le règlement puisque qu’il doit prendre en compte de ces investissements.

Une médiation survient généralement dès le début (et, idéalement, avant même le début) du processus judiciaire, ce qui peut permettre à chaque partie de réaliser des économies importantes de temps, d’argent, d’émotions négatives et d’investissements.

Lorsque l’on me pose la question de savoir quel est le temps le plus propice à la médiation, ma réponse est qu’il n’est jamais trop tôt. J’ai même déjà vu des médiations au stade de la négociation de nouvelles ententes commerciales.

Autre avantage de la médiation: la qualité du règlement.

Lors d’une négociation face-à-face (c’est à dire sans l’intervention d’un tiers neutre), il y a une forte tendance des parties (et de leurs avocats) à rechercher un compromis entre leurs demandes/offres initiales.

À l’opposé, un médiateur bien formé guidera les parties (et leurs avocats) à sortir de ce cadre restrictif pour rechercher ensemble d’autres possibilités de règlement qui peuvent mieux répondre aux besoins et aux intérêts légitimes des parties.

En médiation, l’objectif premier n’est pas d’en arriver à un règlement à tout prix, mais à aider chaque partie à prendre une décision éclairée quant à l’avenue qui répond le mieux à ses intérêts, et ce, après avoir examiné, et évalué, un maximum d’alternatives possibles. En d’autres mots, il ne s’agit pas seulement d’en arriver à une entente, mais à la meilleure solution possible dans les circonstances.

Comme outil de règlement de différend, la médiation est sans l’ombre d’un doute le plus flexible sur bien des plans et vous offre, et vous permet d’offrir à vos client(e)s, une voie des plus intéressantes pour régler, de manière rapide et satisfaisante pour les parties elles-mêmes, leurs difficultés et leurs différends, vous permettant ainsi de vous distinguer auprès d’eux comme un véritable conseiller et expert en règlement de différends.

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Je vous invite aussi à me faire part de tout sujet que vous aimeriez que j’aborde dans ce bulletin, de tout commentaire et de toute question, soit par message LinkedIn ou par courriel à l’adresse jhgagnon@fasken.com.

Maintenons ensemble, par ce bulletin, une conversation active, concrète et utile.

P.S.: J’ai récemment reçu un appel d’un membre du réseau LinkedIn (que je remercie d’ailleurs) qui s’interrogeait sur le fait que la photo qui coiffe mes textes sur ce bulletin était celle d’un revolver. Rassurez vous; je ne fais certainement pas la promotion des armes. Il s’agit en fait de la photo d’une sculpture créée par Carl Fredrik Reyterswärd en 1980 intitulée « Non violence » ou « Le revolver noué » qui se trouve devant le siège de l’ONU et qui se veut une représentation du pacifisme. C’est un symbole qui résume, en quelques courbes simples, la plus grande prière de l’homme: celle qui n’implore pas la victoire, mais la paix. Suite à ce commentaire fort pertinent, vous constaterez que j’ai ajouté une courte légende en dessous de cette photo.