Guerre en Ukraine L’intervention de MSF face à la crise humanitaire
La guerre se poursuit, et nous continuons à répondre à la crise humanitaire. Les renseignements qui suivent étaient exacts au 16 mars 2022. Notez que la présente page sera modifiée au fur et à mesure que la situation évoluera.
Où en est la crise ukrainienne?
Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) sont profondément préoccupées par les conséquences de la guerre sur les communautés ukrainiennes. Tant que les hostilités se poursuivront, il sera essentiel de garantir l’accès aux soins de santé et aux médicaments pour les personnes touchées.
Alors que cette guerre prend de l’ampleur et que les gens fuient, nous intensifions notre réponse face à la crise humanitaire croissante, et ce, tant en Ukraine que dans les pays limitrophes.
Que fait MSF?
– Notre priorité est de réapprovisionner les hôpitaux, notamment ceux qui manquent de matériel pour traiter les blessures graves.
– En second lieu, nous tentons de déterminer comment et où envoyer en toute sécurité les équipes chirurgicales et médicales d’urgence de MSF, soit dans le cadre d’une intervention directe, soit pour offrir de la formation et des conseils aux hôpitaux sur la chirurgie de guerre et la prise en charge des afflux massifs de victimes.
– Comme il fait froid (-7 °C ou moins), il est de plus en plus important d’aider ceux et celles qui ont fui les zones de guerre, que ce soit à l’intérieur de l’Ukraine ou dans les pays voisins.
Depuis le début des combats à travers le pays, les équipes de MSF travaillent sans relâche pour répondre aux besoins urgents. Nous sommes engagé·e·s dans une course contre la montre pour acheminer les fournitures médicales nécessaires là où il le faut, car nous ignorons pendant combien de temps il sera possible d’acheminer de l’aide dans les villes et les villages encerclés.
Comment MSF soutient-elle en Ukraine?
Dans de nombreuses régions du pays, nous soutenons les établissements médicaux qui se préparent à toute éventualité. Dans la ville d’Odesa, dans le sud du pays, nous avons pu donner des fournitures médicales aux hôpitaux qui se préparaient à recevoir des blessé·e·s en cas d’attaque. À Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, nos équipes offrent de la formation sur la gestion des victimes multiples et aident les hôpitaux à se préparer aux afflux massifs de blessé·e·s. À Vinnytsia, nous travaillons avec les hôpitaux pour leur permettre de se préparer à des événements qui pourraient faire de nombreuses victimes et nous évaluons comment nous pouvons soutenir l’approvisionnement et l’assainissement en eau. À Bila Tsverka, à 80 kilomètres au sud de Kyiv, un hôpital spécialisé dans la chirurgie a été identifié. Une équipe de MSF y offrira une formation de deux jours sur la gestion des victimes multiples et déterminera quelles sont les fournitures nécessaires.
Dans l’est du pays, des chirurgiens de MSF ayant l’expérience des zones de guerre ont, juste avant le déclenchement de l’offensive, offert de la formation à distance aux chirurgiens dans les hôpitaux clés qui ont depuis reçu de nombreuses personnes blessées. Nous avons également fourni du matériel à plusieurs hôpitaux dans l’est de l’Ukraine, à Kyiv et dans d’autres parties du pays.
Qu’en est-il des besoins à long terme, notamment en ce qui a trait aux maladies chroniques?
Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur l’équipement et les médicaments destinés aux chirurgies, au traitement des blessures traumatiques, ainsi qu’aux salles d’urgence et aux unités de soins intensifs. Mais un portrait plus large de la situation commence à émerger, mettant en lumière d’autres besoins médicaux critiques, comme l’insuline pour les patients et les patientes diabétiques, et les médicaments pour les patients et les patientes atteint·e·s d’autres maladies chroniques comme l’asthme, l’hypertension ou le VIH. Certains de ces produits doivent être transportés en respectant la chaîne du froid, ce qui ajoute une complexité supplémentaire. Ce sera un défi d’acheminer les fournitures là où elles sont nécessaires en Ukraine. Les trains fonctionnent encore pour la plupart, et c’est une bonne option en raison du volume qu’ils peuvent transporter, mais nous évaluons différentes façons d’effectuer des livraisons dans le pays de façon sécuritaire. Nous craignons qu’il devienne sous peu plus difficile d’acheminer des fournitures médicales et du personnel là où il le faut et c’est pourquoi il y a urgence d’agir rapidement.
Combien d’employés et d’employées avez-vous en Ukraine?
MSF intensifie rapidement ses activités médicales humanitaires. En plus de la solide équipe ukrainienne et internationale qui était déjà dans le pays avant le début de cette guerre, nous faisons appel à du personnel médical, logistique et de soutien expérimenté dans les situations d’urgence pour pouvoir répondre aux besoins croissants.
MSF réclame-t-elle des corridors humanitaires?
Les couloirs humanitaires et les cessez-le-feu pour les évacuations civiles paraissent une bonne solution, mais en fait, ils peuvent être extrêmement dangereux. Les possibilités de passages sûrs représentent une importante solution de dernier recours, mais elles peuvent aussi servir d’excuse aux forces armées pour considérer ceux et celles qui choisissent de rester après la période d’évacuation ou le cessez-le-feu temporaire comme des cibles légitimes. Les civils et les civiles doivent être reconnu·e·s comme tels et protégé·e·s en tout temps, qu’ils et elles soit ou non en mesure de partir ou qu’ils et elles choisissent de partir ou de rester. Les civil·e·s doivent avoir droit à un passage sûr en tout temps. L’aide humanitaire destinée aux personnes dans le besoin ne doit pas se limiter aux couloirs sous contrôle militaire ou aux cessez-le-feu.
Comment les équipes de MSF interviennent-elles dans les pays voisins?
Pologne
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, en date du 21 mars, plus de deux millions de personnes avaient fui l’Ukraine vers la Pologne. Nos équipes essaient d’acheminer le personnel et les fournitures médicales essentielles en Ukraine via la Pologne.
MSF a fait don d’articles de secours à la Croix-Rouge de Lublin et à un point de réception à Horodlo, près du poste frontalier de Zosin. Nos équipes ont visité des postes frontaliers, des centres de transit et des gares. Nous avons l’intention de commencer à fournir des premiers soins psychologiques, à enseigner des méthodes d’autotraitement psychologique et à d’offrir à des bénévoles des formations d’accompagnement psychologique.
Moldavie
En date du 14 mars, plus de 337 215 personnes étaient entrées en Moldavie en provenance de l’Ukraine; plusieurs d’entre elles n’y étant que de passage. La Moldavie, qui ne compte que 2,6 millions d’habitants, accueille la plus forte concentration de réfugiés et de réfugiées ukrainien·ne·s par habitant.
MSF a envoyé des équipes dans le nord et le sud-est pour évaluer la situation des réfugié·e·s aux points de passage frontaliers, les besoins en santé mentale et la possibilité de soutenir les patients et les patientes atteint·e·s de maladies chroniques. Le 12 mars, à Palanca, MSF a commencé à fournir aux réfugiés et aux réfugiées des consultations en soins de santé primaires et des séances de premiers soins psychologiques, ainsi qu’une aide de base aux familles fuyant Mykolaïv et la région d’Odesa. MSF espère fournir au ministère de la Santé du soutien supplémentaire en santé mentale; l’endroit précis où ce soutien sera prodigué reste à déterminer. Des équipes ont également visité des installations d’accueil dans la capitale, Chișinău, pour évaluer les besoins des personnes.
Hongrie
Une de nos équipes évalue la situation et les besoins des personnes qui traversent la frontière, en mettant l’accent sur l’identification des besoins moins visibles des individus ou des groupes plus à risque, et en examinant la possibilité d’organiser des cliniques mobiles des deux côtés de la frontière.
Slovaquie
Notre première équipe d’urgence est arrivée en Slovaquie au début du mois de mars et, après une première évaluation, nous collaborons maintenant avec le ministère de la Santé pour soutenir la réponse. Nous menons également des négociations pour pouvoir importer des fournitures médicales et travailler en Slovaquie.
Pour le moment, les besoins humanitaires et médicaux critiques sont couverts par les autorités slovaques et la communauté. Notre approche vise donc à combler les lacunes à mesure qu’elles se présenteront. Nous prévoyons mettre en place une équipe mobile qui assurera une surveillance régulière à la frontière pour offrir du soutien en santé mentale, faciliter les orientations d’urgence et prendre en charge les personnes les plus à risque.
Du côté ukrainien, nous travaillons à établir une base dans la ville frontalière d’Uzhgorod et nous aurons bientôt du personnel dans la ville d’Ivano-Frankvisk. Nous serons ainsi en meilleure position pour surveiller et évaluer les zones du sud-ouest de l’Ukraine afin de soutenir les structures de santé, notamment à travers des dons de matériel médical et logistique.
Russie
MSF travaille avec les autorités sanitaires des régions d’Arkhangelsk et de Vladimir pour réduire le fardeau de la tuberculose pharmacorésistante et améliorer le traitement de la maladie.
MSF procède actuellement à des évaluations dans le sud de la Russie afin de déterminer si de nouveaux besoins médicaux et humanitaires sont apparus. Nous avons également fait des dons de nourriture, de trousses d’hygiène, d’articles de première nécessité et de médicaments destinés aux personnes déplacées.
Biélorussie
En Biélorussie, MSF continue de gérer ses programmes réguliers. Nous appuyons le programme national de lutte contre la tuberculose et le traitement de l’hépatite C dans les prisons. Depuis 2021, nous soutenons aussi les personnes en déplacement entre la Biélorussie et les pays de l’Union européenne. MSF a procédé à une évaluation initiale de la situation à la frontière biélorusse et ukrainienne et reste prête à répondre aux besoins médicaux et humanitaires émergents.
Que faisait MSF en Ukraine avant la guerre actuelle?
Le changement radical de contexte a fait en sorte que nous avons dû prendre la douloureuse décision de mettre fin aux activités que nous menions en Ukraine. Celles-ci comprenaient la prise en charge du VIH à Severodonetsk et de la tuberculose à Zhytomyr, ainsi que l’amélioration de l’accès aux soins de santé à Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, où nous fournissions des soins de santé indispensables aux communautés touchées par la guerre. Bien que la plupart de ces programmes aient été interrompus, nous avons fait tout notre possible pour assurer une certaine continuité de soins pour les patients et les patientes.
Dans la région de Donetsk, nous avons travaillé localement avec des bénévoles, des organisations, des professionnel·le·s de la santé et les autorités pour aider les gens à se rendre dans les établissements de santé et à accéder aux médicaments qui leur ont été prescrits, et pour faire de la sensibilisation sur les problèmes de santé courants.
Nos équipes ont formé et soutenu des médecins de famille et des infirmières communautaires pour leur permettre d’offrir des soins de santé mentale de base à leurs patients et leurs patientes. Dans la région de Louhansk, nous menions un projet axé sur le VIH.
Ailleurs en Ukraine, nous nous sommes efforcé·e·s de montrer qu’il est possible de traiter avec succès des patients et des patientes atteint·e·s de tuberculose pharmacorésistante en combinant un court cycle de nouveaux médicaments, un accompagnement psychologique et du soutien social.
Puis-je faire un don pour soutenir le travail de MSF en Ukraine?
Grâce à la générosité de personnes comme vous, nous n’avons pas eu besoin de lancer un appel pour notre travail en Ukraine et dans les pays voisins. Nous vous invitons toutefois à envisager de faire un don à notre fonds général d’urgence.
– Apprenez-en plus sur notre modèle de collecte de fonds.
Les dons sans restriction à notre fonds général d’urgence offrent à nos équipes la flexibilité nécessaire pour intervenir à tout moment et partout où les besoins sont les plus grands dans plus de 70 pays à travers le monde, y compris dans des contextes de crise comme celle qui sévit en Ukraine. Lorsque des situations d’urgence surviennent, nous sommes en mesure d’agir immédiatement sans attendre que des fonds officiels soient débloqués ou que des appels de fonds soient lancés.