Honorable juge Rosalie Abella de la Cour suprême du Canada, prend sa retraite… à Harvard ?
Elle a été élue au sein de la Société royale du Canada en 1997, de l’American Academy of Arts and Sciences en 2007 et de l’American Philosophical Society en 2018. En 2020, le président de l’Allemagne lui a remis la Croix de grand officier de l’Ordre du mérite.
Diplômée du Royal Conservatory of Music en piano classique en 1964, la juge Abella a poursuivi ses études à l’université de Toronto, qui lui a décerné un B.A. en 1967 et un LL.B. en 1970. Elle a été admise au Barreau de l’Ontario en 1972 et a pratiqué le droit civil et criminel jusqu’à sa nomination à la Cour provinciale de l’Ontario (Division de la famille) en 1976, à l’âge de 29, devenant ainsi la première femme enceinte à accéder à la magistrature. Elle a été nommée à la Cour d’appel de l’Ontario en 1992.
Elle a présidé l’étude sur l’accès aux services juridiques en Ontario pour les personnes handicapées, dont elle a rédigé le rapport, publié en 1983, et elle a agi, en 1984, à titre d’unique commissaire de la Commission royale fédérale sur l’égalité en matière d’emploi, créant à cette occasion le concept et le terme d’« équité en matière d’emploi ». Les théories relatives à l’« égalité » et à la « discrimination » qu’elle a élaborées dans le rapport de la Commission royale ont été adoptées par la Cour suprême du Canada en 1989 dans la première décision de celle-ci sur le droit à l’égalité garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. En outre, les recommandations formulées dans ce rapport ont été mises en œuvre par les gouvernements du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de l’Irlande du Nord et de l’Afrique du Sud.
La juge Abella a présidé ensuite la Commission des relations de travail de l’Ontario (de 1984 à 1989) et la Commission de réforme du droit de l’Ontario (de 1989 à 1992) et a été professeure invitée à la chaire Boulton de la Faculté de droit de l’Université McGill (de 1988 à 1992). Elle a de plus été commissaire de la Commission ontarienne des droits de la personne, membre du Tribunal des relations de travail de la fonction publique de l’Ontario, coprésidente du Tribunal disciplinaire de l’Université de Toronto et membre du Comité consultatif du premier ministre sur la Confédération.
La juge Abella est l’auteure de plus de 90 articles, ainsi que rédactrice ou codirectrice de quatre ouvrages. Elle a été élue Senior Fellow du Massey College en 1989 et a notamment prononcé la conférence Harlan à l’Université Princeton, la conférence Ryan à l’Université Georgetown, la conférence Winchester à Oxford, la conférence Anderson à l’Université Yale, la Robert L. Levine Distinguished Lecture à la faculté de droit de l’Université Fordham, la Diane Markowicz Memorial Lecture à l’Université Brandeis et la David J. Bederman Lecture in International Law à la faculté de droit de l’Université Emory. Elle a été la première titulaire de la chaire Bullock à l’Hebrew University et a agi à titre de Mackenzie King Distinguished Visiting Professor à Harvard, Floersheimer Distinguished Jurist in Residence à la faculté de droit Cardozo, Distinguished Visiting Faculty à la faculté de droit de l’Université de Toronto and Bright International Jurist in Residence à la faculté de droit de l’Université d’Hawaii.
Elle a été membre du jury du prix littéraire Giller et présidente du comité ontarien de sélection des boursiers de la fondation Rhodes; administratrice de l’Institut de recherche en politiques publiques; modératrice du débat des chefs en anglais de 1988; membre du Comité d’enquête du Conseil canadien de la magistrature sur Donald Marshall, fils; présidente du programme de la Conférence d’étude canadienne du Gouverneur général; rapporteuse principale (Halifax) et coprésidente (Vancouver) des Conférences constitutionnelles de 1992; administratrice de l’Institut d’études canadiennes de McGill; gouverneure du bureau international des gouverneurs de l’Hebrew University; et vice-présidente du Conseil des gouverneurs de l’Institut national de la magistrature.
La juge Abella a joué un rôle actif dans la formation de la magistrature canadienne en organisant le premier séminaire pour la magistrature regroupant des juges de tous les niveaux du système judiciaire, le premier séminaire pour la magistrature auquel des non-juristes ont été invités à participer, le premier programme national de formation s’adressant aux tribunaux administratifs et la première conférence nationale des femmes juges du Canada.
Elle est récipiendaire de 39 grades honorifiques. Elle a également reçu de nombreuses autres distinctions : Distinguished Alumnus Award de la faculté de droit de l’Université de Toronto; Alumni of Influence Award du University College; Distinguished Service Award de l’Association du Barreau canadien (Ontario); International Justice Prize de la Peter Gruber Foundation; Human Relations Award du Canadian Council of Christians and Jews; Prix de l’honorable Walter S. Tarnopolsky en matière de droits de la personne; Bora Laskin Award pour services distingués en droit du travail; Global Jurist of the Year de la Northwestern Pritzker School of Law; Ethical Leadership Award de la faculté de gestion de l’Université Dalhousie; Calgary Peace Prize; Women in Law Lifetime Achievement Award; Goler T. Butcher Medal for International Human Rights de l’American Society of International Law; Gunther Plaut Humanitarian Award; Rose Wolfe Distinguished Alumni Award; Honourary Bencher de Middle Temple; et Harvard Law School Honoree dans le cadre de la Journée internationale de la femme.
À son départ à la retraite de la Cour, elle enseignera à titre de Samuel and Judith Pisar Visiting Professor of Law à la faculté de droit de Harvard. Elle agira également à titre de Senior Research Scholar à la faculté de droit de Yale et de Distinguished Visiting Jurist à la faculté de droit de l’Université de Toronto. Au printemps 2022, elle enseignera en qualité de William Hughes Mulligan Distinguished Visiting Professor in International Studies à la faculté de droit de l’Université Fordham.
La juge Abella est née dans un camp de personnes déplacées, à Stuttgart en Allemagne, le 1er juillet 1946. Elle a immigré au Canada à titre de réfugiée avec sa famille en 1950. Elle est la première réfugiée qui a été nommée à la magistrature au Canada. Elle est l’épouse de l’historien canadien Irving Abella, et le couple a deux fils, Jacob et Zachary, tous deux avocats.