L’Affaire Charles Marion pourrait hanter la SQ et le Mouvement Desjardins
Près de 45 ans après l’enlèvement de Charles Marion, son fils, Pierre, lève le voile sur les circonstances entourant le plus long kidnapping à être survenu au Québec dans un livre et une série documentaire homonyme: 82 jours : l’affaire Charles Marion.
Pierre Marion avait 30 ans quand son père, alors gérant de crédit à la Caisse populaire de Sherbrooke-Est, a été kidnappé à sa maison de Stoke, au nord-est de Sherbrooke, puis maintenu en captivité sous terre dans la région de Gould, pendant 82 jours.
Accusée à tort par la Sûreté du Québec d’avoir orchestré l’enlèvement du patriarche, la famille Marion a dû apprendre à vivre avec le spectre de cette fausse croyance qui a fini par s’implanter dans l’opinion publique après que les médias eurent partagé la rumeur.
Mais avec 82 jours: l’affaire Charles Marion, Pierre espère faire renverser la vapeur.
Son livre, le deuxième qu’il écrit sur l’enlèvement de son père, est cette fois beaucoup plus documenté et vérifié. L’homme qui a été approché par le réalisateur François Gingras (Trauma, Victor Lessard), il y a trois ans, pour qu’il participe à la création d’une fiction sur le kidnapping de son père, a pu bénéficier de beaucoup plus de moyens de recherche. Il a ainsi été capable de retrouver des gens impliqués et de s’entretenir avec d’anciens policiers qui ont participé à l’enquête.
«Le livre est enrichi d’extrait du livre que mon père avait publié en 1978. On a créé une
interface entre la perspective de mon père depuis son cachot et celle de la famille, mais aussi celle des médias. Il y a aussi une analyse des stratégies d’enquête de la Sûreté du Québec (SQ) et des archives qui ont été mises à ma disposition», a fait savoir Pierre Marion en entrevue avec l’Agence QMI.
«Avec les preuves qu’on a récoltées cette fois, il est clair, hors de tous doutes, que mon père n’a pas participé à son propre enlèvement. Mais je ne peux pas blâmer les gens d’avoir pensé que c’était une possibilité. La rumeur a été lancée par la Sûreté du Québec», a ajouté M. Marion.
Au fil de leurs recherches, François Gingras et André Chamberland, qui sont derrière la série, ont finalement décidé de raconter l’histoire sous forme de documentaire, tout en gardant certains éléments de la dramatique. Ainsi, la série, qui sort sur Vrai dès ce mardi, allie les reconstitutions aux images d’archives aux témoignages d’anciens policiers, enquêteurs, membre de la famille et journalistes directement impliqués dans l’affaire.
Des méthodes qui marquent
Pierre Marion a confié à l’Agence QMI qu’il avait voulu raconter l’histoire de son père pour rétablir les faits. Il souhaite également que la Sûreté du Québec s’excuse et assume la responsabilité de ses employés et de leurs techniques d’enquête problématique.
«Les ravisseurs ont été arrêtés, jugés et condamnés. Ils ont écopé d’une peine, moins lourde que ce qu’on aurait voulu, mais ils sont passés à travers le système. Pour moi, ça s’arrête là. Mais les policiers; on ne peut pas les empêcher de suspecter, mais quand on voit une approche policière où on essaie de mettre suffisamment de pression sur les suspects pour qu’ils avouent un crime qu’ils n’ont pas commis, c’est très dérangeant», a-t-il ajouté, soulignant le sentiment de honte et d’humiliation qui en a découlé.
Charles Marion ne s’est d’ailleurs jamais remis de cette histoire. Il s’est enlevé la vie le 2 décembre 1999.
Déclinée en six épisodes de 60 minutes et produite par BLIMP TÉLÉ en collaboration avec Québecor Contenu, 82 jours : l’affaire Charles Marion est disponible sur Vrai dès mardi.
Le livre de Pierre Marion, publié aux Éditions de l’homme, est également disponible à compter de mardi.
Source : Le Journal de Montréal