René Homier-Roy : la voix unique d’un pilier du monde culturel s’éteint

Reconnu pour sa voix chaleureuse et singulière, pour la clarté de ses analyses et la rigueur de son esprit critique, il a su rendre accessibles des œuvres parfois complexes, tout en défendant avec passion la place des arts et de la culture dans notre société. Véritable pilier de la critique littéraire, cinématographique et culturelle, M. Homier-Roy a marqué des décennies de vie intellectuelle et médiatique au Québec.
Un visage et une voix de Radio-Canada
Dès la fin des années 1960 et au début des années 1970, René Homier-Roy entre à Radio-Canada, où sa plume et son ton distinctif attirent rapidement l’attention. Sa voix, reconnaissable entre toutes, devient rapidement un repère pour les auditeurs. Il a animé et collaboré à de nombreuses émissions, dont À première vue, qu’il coanimait avec Chantal Jolis, Samedi et rien d’autre, ainsi que plusieurs rendez-vous consacrés à la littérature, au théâtre et au cinéma.
Ses interventions, teintées d’érudition mais toujours accessibles, étaient régulièrement ponctuées d’humour et d’une curiosité bienveillante qui ont su séduire un vaste public.
Un amoureux des arts et des mots
Amant de la plume autant que du micro, Homier-Roy a multiplié les chroniques et critiques dans la presse culturelle, où son style direct et son regard exigeant en faisaient une référence. Son parcours l’a amené à défendre les écrivains, les cinéastes et les créateurs d’ici, tout en donnant au public les clés pour mieux apprécier des œuvres parfois méconnues ou incomprises.
Il a notamment été l’une des figures centrales de La Bande des six, émission littéraire marquante où il partageait la table avec Marie-France Bazzo, Dany Laferrière, Nathalie Petrowski, Georges-Hébert Germain et d’autres voix influentes de la critique culturelle québécoise.
Une référence en critique culturelle
Au fil des décennies, René Homier-Roy s’est imposé comme l’une des voix les plus écoutées du Québec en matière de culture. Ses analyses nuancées, mais jamais élitistes, ont permis à de nombreux auditeurs de découvrir le cinéma d’auteur, la littérature contemporaine et le théâtre. Ses collègues du milieu médiatique le décrivaient comme un acolyte respecté, toujours rigoureux et attentif. Des artistes, écrivains et cinéastes ont souvent témoigné de l’importance de ses critiques, exigeantes mais empreintes de respect et d’une réelle volonté de dialogue avec les œuvres.
Une reconnaissance durable
Au-delà de ses collaborations radiophoniques et télévisuelles, René Homier-Roy a participé à l’essor de nombreuses émissions culturelles, dont Culture Club et Flash, aux côtés d’animatrices comme Patricia Paquin. Il a reçu une large reconnaissance du public et de ses pairs pour sa voix chaleureuse, son humour parfois mordant mais toujours bienveillant, et sa vaste culture générale.
Un héritage vivant
Le départ de René Homier-Roy laisse un vide immense. Or, son héritage demeure : celui d’un passeur de culture qui croyait fermement à la force des arts comme moteur de société et outil d’émancipation collective. Ses grands moments de carrière ne se mesurent pas seulement en émissions animées ou en critiques publiées, mais surtout en ponts créés entre le public et la culture. Des générations entières de Québécois lui doivent leurs premiers émois littéraires, cinématographiques ou théâtraux.
Son nom restera associé à la rigueur intellectuelle, à la curiosité et à un amour sincère de la création.
La vice-présidente principale de Radio-Canada, Dany Meloul, a réagi par voie de communiqué au décès de René Homier-Roy
« Nous sommes profondément attristés par le décès de René Homier-Roy. Nous perdons aujourd’hui une figure marquante de notre société et, pour plusieurs à Radio-Canada, un estimé collègue et ami. Pionnier du journalisme et de la critique culturelle, plusieurs d’entre nous ont surtout connu l’animateur qui a accompagné nos matins à la radio pendant plus d’une quinzaine d’années et nos weekend culturels jusqu’à sa retraite en juin dernier. Au nom de tout le personnel à Radio-Canada et en mon nom personnel, j’offre mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. »